Vendredi 11 mars 2016 à 17:58

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Voilà déjà plus de six ans que ce sont produits ces deux semaines hors du temps. Que s'est-il passé depuis ? Tellement et rien à la fois... J'ai toujours le cœur serré de relire ces pages de mon journal et particulièrement la dernière phrase d'Hassan : « A bientôt ». Cet espoir s'est transformé en un « adieu ». En rentrant en France tout s'est compliqué pour moi. J'ai supplié mes parents de repartir, de retourné au Maroc. Mes parents ont refusés. Particulièrement mon père fut prit d'une peur panique à l'idée de voir sa fille de 17 ans, partir seule dans un pays qu'il ne connaissais pas. Devant une réaction aussi négative et violente je n'ai pas osé leur expliquer l'amour sans fin que j'avais pour Hassan. Je savais que mes parents auraient crut que j'étais aveuglé par l'amour, que j'avais perdu le sens du jugement. Seulement ils n'étaient pas née de la dernière pluie et on bien compris que mon acharnement à le retrouver n'était pas le fruit d'une simple amitié. Malgré leur intuition le silence persista. Personne ne vint me demander plus de détail sur Hassan, notre histoire, notre amour. Mes parents d'apparence si tolérant, ouvert à l'autre, et qui m'avaient éduqué dans l'amour de l'autre se sont transformé sous mes yeux. Particulièrement mon père, ce qui m'a énormément déçu, et blessé au plus profond de mon être. Il me martelais le cerveau de propos horribles :
  • Il n'est là que pour ton argent.

  • Il veut se marié avec toi pour obtenir la nationalité française.

  • Si tu va la-bas il va te prendre ton passeport pour que tu ne puisse plus partir et te vendre comme prostitués.

Et sans doute d'autres atrocités que je n'ai pas mémorisé. Encore aujourd'hui ces phrases me font souffrir, j'en tremble de la tête au pied rien que d'y penser. Ils détruisaient notre histoire, ils me torturaient l'esprit en y insufflant le doute de ce que j'avais vécu. Ils modifiaient tout pour le rendre manipulateur, menteur et moi une pauvre gourde trop jeune et trop insouciante pour comprendre que je m'étais fait avoir. Personne n'a eu confiance en moi, en mon jugement. Personne n'a voulu écouté qui étais Hassan, personne n'a voulu entendre notre histoire. Je suis donc rester dans le silence pesant de ma famille. Par les propos blessants de tous, mes amis, et ma famille, j'ai fini par avoir honte de notre histoire car tout le monde y voyais le mal tandis que j'y voyais les plus beaux instants de ma vie. J'ai fini par ne plus oser en parler, à choisir mes mots avec précautions les rares fois où j'avais à parler de lui. Tout le monde autour de moi à fini par oublier Hassan, comme si il n'étais dans mon cœur finalement qu'une amourette vite oublié. Plus personne n'en reparla. Il tomba dans l'oubli... sauf pour moi. On m'a interdit d'y retourner. Aline a tenté une fois de refaire un groupe pour que je puisse le revoir mais à fini par abandonner, sans doute sous la pression de Papa j'imagine... Je ne le saurais jamais. Moi même j'ai eu des moments de doute sur Hassan à force d'entendre tous ces propos, seul mes souvenirs et ce récits me permettais de me rappeler la véracité de ce que l'on avait vécu. Comme on le lit dans les articles de mon blog j'ai aussi détesté mon père qui est pourtant la personne que j'aime et que je respecte le plus au monde. Même encore aujourd'hui et pour le reste de ma vie je pense qu'une partie de moi le détestera toujours très profondément pour ça. Lui qui a perdu l'amour de sa vie, Fabienne, me privais du mien et j'ai beaucoup de mal à accepter qu'il soit l'acteur de ce malheur. Je comprend sa décision, qu'il a fait en tant que père protecteur et non par manque d'amour mais il n'imagine pas le calvaire et la souffrance que j'endure depuis maintenant plus de 6 ans.

J'ai fini par plier à leurs volontés. J'ai arrêté de me battre pour repartir. Décevoir mes parents et plus que tout mon père me faisais souffrir, j'ai donc abdiqué devant leur volonté. Pour eux. Mais son absence est resté intact, mon amour pour lui aussi. Son image me poursuivais partout. Je le voyais dans la lune, je le voyais dans mon médaillon, j'entendais sa voix dans LaFouine etc... J'avais une bague lors de ce voyage que Maman m'avais donné, une bague avec des symboles bretons dessus qui ressemblent étrangement à un symbole berbère, celui du voyage. On en avais parlé avec Hassan. Cette bague à vécu cette aventure à mon doigt tout le long du voyage. Je ne l'ai depuis jamais quitter. Un peu comme une alliance, qui me rappel qu'une partie de moi appartiendra toujours à lui. Je pensais que le temps allais effacer les choses. Je pensais qu'en aimant de nouveau, en me faisant une nouvelle vie, en me mariant, j'allais finir par l'oublier et ne plus l'aimer. J'aurais alors put enlever cette bague de mon doigt. Je n'ai jamais réussi pour l'instant car une part de moi l'aime et je pense l'aimera toujours. Une partie de moi est et restera à Hassan. Comme je l'ai raconté dans mon blog de faisais la  nuit toujours le même cauchemar. Souvent je me réveillais en pleurs, parfois en me souvenant du cauchemar, parfois par bribes et parfois sans aucun souvenir. Il persistais pourtant à chaque fois cette impression de ne plus pouvoir respirer, je n'arrivais pas à m'arrêter de pleurer et j'avais comme un poids de plomb sur la poitrine. Je m'endormais avec le portable dans la main en mode vibreur pour être réveillé si jamais il m'envoyais un texto ou si il m'appelais sans pour autant réveiller mon père par la sonnerie du téléphone. Le plus beau souvenir de ces moments resta la fois il m'appela en fin de soirée pour me souhaitais un bon anniversaire. Je m'étais endormit triste de ne pas avoir eu de ses nouvelles et je m'étais réveiller quelques heures après pour entendre sa voix douce et tendre. C'était un moment parfait. Je porte également souvent encore mon médaillon, un peu comme un porte bonheur et mon chèche. Je les met quand je manque de confiance en moi, quand j'ai peur où lorsque je dois passer un examen. Je le sent alors près de moi et ça me donne la force de me surpasser. Les premières années ont étés particulièrement difficiles, surtout depuis que David est arrivé. Étant célibataire je pouvais me permettre d'espérer un miracle pour que l'on puisse se retrouver, je pouvais l'appeler, lui envoyer des messages etc... Puis David est arrivé et je suis sincèrement tombée amoureuse de lui. D'une manière totalement différentes mais réel et sincère. Je me dit souvent dans ma tête une phrase qui est totalement vrai dans mon cœur : Hassan est l'amour de ma vie, David sera l'homme de ma vie. Du moment que nous avons commencé notre histoire avec David ce fût très compliqué car Hassan étais comme un fantôme flottant dans notre couple. Il m'envoyais parfois encore des messages qui me déchirais le cœur. Je m'en voulais de lui répondre mais c’était vital. J'avais besoin juste de savoir qu'il allais bien, qu'il étais en bonne santé. Ce qui me faisais tenir c'est qu'il était vivant quelque part sur ce globe. J'étais terrorisée à l'idée qu'il pouvais lui arriver malheur et je ne soit même pas au courant. J'ai tenté de lui faire comprendre que maintenant j'étais avec quelqu'un et que je devais avancé mais que je voulais continuer à avoir de ses nouvelles, en tant qu'amis si on veut. Seulement il l'a prit très mal et à prit la décision qui s'imposait : ne plus se parler. Mais rien n'y à jamais fait, la blessure est toujours présente. C'est comme un processus extrêmement long de deuil. L'idée de ne plus jamais le voir, de me dire que je ne saurais jamais ce qu'il serais advenu de nous est extrêmement dur à accepter. Cet état des choses m'a beaucoup bloqué pour avancer dans ma vie. J'étais comme dans un brouillard pendant plusieurs années, mon esprit refusais d'avancer, de grandir, de finir des études. Je ne comprenais pas trop à l'époque pourquoi. Je me battais contre moi même sans succès. Avec plus de recul maintenant je sais pourquoi : chaque pas en avant m'éloigne de cette histoire que je ne vivrais jamais. Et c'est effrayant et surtout douloureux. Je m'enfermais dans ce brouillard, tel un fantôme pour ne pas ressentir la douleur et le manque. Je travail pour essayer malgré tout d'avancer mais malgré les années chaque pas reste douloureux. Mon mariage prochain me remplis de joie et de bonheur pourtant une petite voix au fond de moi crie toujours « et ton mariage avec Hassan, ça aurait étais comment ? ». J'imagine que lorsque je verrais mon premier enfant, une petite voix au fond de moi ne pourra s'empêcher d'imaginer qu'elles seraient les traits du petit si il avait été d'Hassan... La seule chose qui me rassure c'est qu'avec les années ces moments de mélancolies ou de manque se font de plus en plus fugaces. Je crois que je suis séparer en deux parties, la partie qui rêve encore que leurs histoires est possibles et ne veut donc pas avancer vers un autre avenir, et la partie plus réalise qui est heureuse de l'homme et l'avenir qu'elle a et veut avancer. Au fils des années, la première perd du terrain sur la deuxième...   Il y a quelques années Hassan serait venu devant ma porte je serais partit avec lui. Aujourd'hui je sais que c'est David que j'ai choisit. Il m'a donné tellement depuis 5 ans... Je sais que je peut passé une magnifique vie à ses côté, je n'en doute pas un instant. Je suis la veuve, non d'un homme, mais d'une histoire avortée.

Hassan restera à jamais une bulle de bonheur dans mon cœur, le souvenir qui tien chaud au cœur pour les jours solitudes. La preuve que le véritable amour, le plus pur, le plus fort, celui qui déplacerais des montagnes et surpasse les années, existe bel et bien. C'est mon joyaux personnel, celui dont tout le monde ignore l’existence qui me réchauffe autant qu'il me fait souffrir. Pour rien au monde cependant je ne voudrais l'effacer ou ne jamais l'avoir vécu. Il reste encore, 6 ans après, le meilleur vécu de ma vie. J'ai du mal à vivre pleinement ma vie et à être heureuse depuis lors, comme déconnecté de ce monde, comme si une partie de moi était toujours accroché la-bas mais j'essaie de changer cet état des fait. Je dois accepter cette vie et faire mon deuil de celle dont je rêvais. Il paraît qu'il n'a toujours pas trouvé quelqu'un avec qui se marier, j'espère sincèrement qu'il la trouvera et qu'il sera heureux. Je lui souhaite le meilleur sachant que je ne peut être cette personne.

Étant née d'un couple n'étant pas amoureux l'un de l'autre mais plutôt se portant une grande affection diront-nous, je me suis construite une idée fausse de l'amour. J'étais ballotté entre l'image édulcorée des Disney ou des films et la tristesse du couple que j'observais chez mes parents. Ne pas être le fruit d'un amour passion m'a profondément marqué dans ma construction personnelle. J'ai fini inconsciemment par espérer vivre un jour un amour pur et puissant pour être sur qu'il existe et qu'il n'est pas la chose pathétique que j'ai observé chez mes parents. Vivre ces instants inoubliables avec Hassan a également confirmé en moi l’existence de cet amour et ça m'a soulager étrangement d'un poids.

Il a su également insuffler un peu de confiance en moi. J'étais à l'époque au niveau -1000 de la confiance en soi. On peut dire que je détestais tout chez moi, je n'étais pas sociable, bref la torturé. Son regard, ses gestes et son amour m'ont montrés qu'il y avais quelque chose en moi qui pouvais d'être aimé. Lorsqu'il s'énervais quand je me dénigrais me rappelais qu'il m'aimais toute entière, avec mes défauts et que dénigrer ce qu'il aimais le faisais souffrir.

Finalement moi qui ne voulais pas vivre avec des regrets, avoir abandonné le combat pour le retrouver restera le plus grand regret de ma vie. Si c'était à refaire je trouverais un moyen de le revoir. J'ai toujours l'horrible sentiment de l'avoir abandonné. Lui n'a pas manqué à sa parole, depuis lui je n'ai plus jamais ressentit la solitude. Par la pensée il a toujours était avec moi, comme il l'avait prédit.

J'ai aussi la satisfaction, contrairement à mes proches qui se disent non-rascistes, d'avoir vue au delà des préjugés. J'ai aimé Hassan tout entier, avec sa religion, avec sa culture, sa couleur de peau et sa vision propre de la vie. Je l'ai accepter comme il étais, sans jugement ni volonté de le changer et de même pour sa part. C'est une magnifique histoire de tolérance en plus de l'amour.

J'espère avoir tord et qu'il a raison. Nous serions alors le jour de notre mort réunit pour l'éternité...

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